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December 19, 2022

COP27 : une course de fond

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Laetitia

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Face à l’urgence climatique et la nécessité d’accompagner - et parfois même d’amorcer - la transition énergétique de leur économie, les pays en développement ont fait front pour obtenir gain de cause sur la question de justice climatique lors de la dernière COP 27. Entre fortes attentes et mesures à prendre, est-ce que ce rendez-vous tant attendu a apporté satisfaction?

 

” L’Afrique est sous pression, l’Afrique ne peut plus se taire. Nous sommes à la recherche de partenaires […]. Les dirigeants mondiaux doivent entendre nos voix. Tous les beaux discours doivent se traduire par des actions concrètes de financement pour l’Afrique.” (M. Akinwumi Adesina, Président de la Banque Africaine de Développement, BAD)

 

Victoire, défaite et opportunité

La COP de Charm El-Cheikh a fait couler beaucoup d’encre. Pour ceux qui voient le verre à moitié vide, la COP a failli à agir là où la science nous enjoint à le faire. Pourtant, la fenêtre de tir pour répondre à l’objectif de limiter la température mondiale à +1,5°C ou moins se rétrécit rapidement et la COP 27 a fait bien trop peu sur la question de la réduction des émissions. A titre d’exemple, aucun accord n’a pu être trouvé répondant aux promesses du pacte climatique de Glasgow de 2021 de “réduire progressivement l’utilisation de l’énergie du charbon”. En effet, dans le cadre du pacte, aucun nouvel objectif ou engagement n’a été annoncé, ce qui compromet davantage l’atteinte de l’objectif d’augmentation de 1,5°C, objectif fixé par l’Accord de Paris. La demande de nouveaux engagements des pays a été reportée à la COP 28. Encore une année perdue.

La COP 27 peut être considérée comme une défaite, en particulier pour les pays en développement, qui espéraient, entre autres, 100 milliards de dollars par an promis en 2009 ainsi que l’accord sur la création d’un fonds “Pertes & Dommages”.

En revanche, pour ceux qui voient le verre à moitié plein, la “COP Afrique” a fait mieux que prévu dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de crise énergétique et alimentaire internationale. La Chine et les États-Unis, qui représentent ensemble 40 % des émissions annuelles mondiales de carbone et peuvent stimuler les progrès – comme nous l’avons vu avec Obama et Xi à l’approche de l’accord de Paris en 2015 – ont repris leurs négociations officielles sur le climat. Par ailleurs, plusieurs pays ont rejoint le Methane Pledge, des accords de transition énergétique ont été signés, et la Global Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) – organisation ombrelle de l’ensemble des alliances des institutions financières vers la neutralité carbone – s’est engagée à décarboner l’économie. Enfin, l’Initiative d’adaptation pour l’Afrique (IAA), initiative phare de l’Union Africaine qui œuvre au renforcement d’actions d’adaptation concrètes sur le terrain, a confirmé les annonces d’engagements totalisant un montant de 40 millions USD lors de la COP 27 : dont 25 millions USD des États-Unis, 5 millions EUR de l’UE, 5 millions EUR de l’Allemagne et 4,5 millions USD des Open Society Foundations (OSF).

 

Pertes et  Dommages

Des inondations dévastatrices au Pakistan aux sécheresses dans une majeure partie de l’Europe et de l’Afrique, les impacts climatiques sont de plus en plus visibles et la pression pour répondre à ces catastrophes était élevée. 

Les pays les plus vulnérables sont ravis qu’après 30 ans d’inaction, il y ait enfin un accord pour créer un fonds “Pertes & Dommages”. Toutefois, peut-on considérer cela comme une véritable “victoire” ? Cet accord a été conclu bien après la fin officielle des négociations et il n’y a pas de réelle lisibilité et visibilité quant à la taille, à l’entité qui le gère et à la manière dont les nations en voie de développement seront indemnisées, ainsi que l’aide apportée. De plus, la Chine et l’Inde (considérées comme deux des plus gros émetteurs de CO2) n’ont pas accepté de contribuer au fonds, ce qui souligne également le malentendu qui existe quant à la question “qui doit le financer ?”

À cet égard, et afin d’accepter le financement du Fonds “Pertes & Dommages”, les pays les plus développés voulaient limiter les bénéficiaires possibles du fonds aux pays les plus vulnérables, et élargir la base financière, y compris les marchés émergents, avec des contributions par le biais des banques multilatérales de développement (BMD), des institutions de Bretton Woods (IBW) et des financements innovants. On peut constater que les nations développées ont gagné une année de plus en ce qui concerne le respect de leurs promesses et le fait de se soustraire à leurs responsabilités.

 

Le financement du climat

Les discussions sur le financement du climat ont été au centre de la COP 27 et ont été difficiles à aborder pour différentes raisons. 

  • Les besoins financiers des pays en développement pour atteindre leurs objectifs climatiques dépassent largement les investissements climatiques actuels (seulement 30%).
  • L’engagement de financement de 100 milliards USD des pays développés pour les pays en développement (d’ici 2020) n’a toujours pas été atteint, tandis que les négociations sur un nouvel objectif collectif de financement du climat à partir de 2025 doivent être entamées. 
  • La COP 26 de Glasgow a promis de doubler les engagements de financement de l’adaptation, mais cela n’a pas encore été mis en œuvre.
  • Alors que l’Occident insiste sur le fait que les flux d’investissement doivent être alignés avec l’Accord de Paris, les Africains craignent de voir une conditionnalité à l’aide financière qu’ils reçoivent des banques multilatérales de développement.

 

Qu’est-ce que la COP 27 a signifié pour le programme marchés émergents de 2DII ?

Si les négociations intergouvernementales ont donné des résultats mitigés, la grande force de ces réunions COP est le pouvoir de rassemblement qu’elles offrent pour lancer de nouvelles coopérations entre différents acteurs – États, banques, régulateurs, entreprises privées, Banque Multilatérale de Développement (BMD) et  Institutions Financières de Développement (IFD).

Les représentants de 2DII à la COP 27 ont pu rencontrer une variété d’interlocuteurs et d’acteurs (financiers), pour explorer des idées et discuter d’une future collaboration, le tout dans l’intention de faire avancer notre mission. Les réunions telles que la COP offrent un véritable champ de possibilités. Il est clair que le financement public ne suffira pas à relever les défis climatiques à venir, ce qui appuie notre volonté de nous associer aux investisseurs et acteurs privés. 

Cette COP renforce notre conviction que les sujets d’adaptation et de mesure du risque physique seront cruciaux dans les années à venir. C’est la raison pour laquelle 2DII étoffe dès à présent son expertise dans ce domaine, en développant des outils et méthodologies adaptés aux besoins spécifiques des pays en développement.

Notre travail est loin d’être terminé et nous regardons positivement vers l’avenir.

Pas à pas, jour après jour, car rendre notre économie plus verte n’est pas un sprint, c’est une course de fond, un véritable marathon.

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Laetitia

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2DII today announced it is transferring stewardship of the Paris Agreement Capital Transition Assessment (PACTA) to RMI, formerly Rocky Mountain Institute. PACTA measures financial portfolios' alignment with various climate scenarios, including those consistent with the Paris Agreement. Under RMI’s stewardship, PACTA will remain a free, independent, open-source methodology and tool, and will continue to provide the financial and supervisory community with forward-looking, science-based scenario analysis to help users make climate-aligned financing decisions. RMI will invest in scaling up PACTA’s usability and applicability in day-to-day investment decisions as well as reporting requirements.

Access the full press release here: https://2degrees-investing.org/2-investing-initiative-transfers-stewardship-of-pacta-to-rmi/In the coming weeks, we will update this website with additional information. For now, please note that all contact information remains unchanged.